mercredi 22 janvier 2014

TRUE DETECTIVE : UN DUO DE FLICS DYSFONCTIONNEL

HBO a lancé la semaine passée la mini-série True Detective. Matthew McConaughey et Woody Harrelson y incarnent un duo de flics dysfonctionnel enquêtant dans les Bayous de la Louisiane.



















Ma sériephilie est-elle donc incompatible avec le marché du travail ? Les managers se sont-ils perdus dans les méandres des objectifs de rentabilité ? Toujours est-il que mon abandon de poste n'est pas passé comme une lettre à la poste à l'usine de jus de pomme. Il me faut un job plus souple, où les relations humaines priment sur la productivité.

Je suis donc allé sonner à la porte de la sécurité sociale. Les nombreux retards de remboursements qu'ils m'ont fait subir ces derniers mois me laissent espérer des conditions de travail décontractées. Leur ouverture d'esprit n'est en fait qu'un mythe et j'ai été renvoyé manu militari par un duo de flics vers la sortie, ayant à peine eu le temps d'énoncer mes motivations.

Je suis rentré chez moi, pataud, tentant de trouver sur le chemin de ma défection, une solution à mes problèmes financiers. Rien est venu, sinon que j'ai raté le début de True Detective la semaine dernière. Alors, je me suis mis à courir. Je me suis mis à voler, à la recherche du temps perdu devant mon écran.

Une bonne série noire


True Detective, c’est un pitch de polar tout simple : un duo de flics enquête sur la mort d’une prostituée assassinée selon un rite occulte. En revanche, le traitement est original. L’enquête s’étale sur 17 ans. On pense au Zodiac de David Fincher.

True Detective, c’est surtout une paire de flics dysfonctionnelle…qui fonctionne : tout oppose Rust Cohle (McConaughey) et Martin Hart (Harrelson). Mais leurs disparités les rendent complémentaires. Hart représente le détective respecté par tous et en apparence bon père de famille. Un flic de la vieille école aux idées bien arrêtées et légèrement macho sur les bords.

Il doit faire équipe avec Cohle, l’étranger (il vient du Texas). Un taiseux solitaire à l’allure filiforme. Cohle, c’est la puissance de l’instinct au moyen d’un flair hors norme affûté par une addiction au Quaaludes (un puissant sédatif). Il fascine par ses regards comme connectés à un étage supérieur de perception.

Une réalisation suffocante


Dans True Detective, on ne s’affole pas. La réalisation est traînante, comme sonnée par des somnifères. La caméra se déplace lentement. Tout comme les personnages. Ce rythme calme sert sur un plateau les grosses répliques qui claquent, magnifiées par les voix rocailleuses des deux acteurs. Une vraie série de genre qui ne tombe (pour l’instant) pas dans la caricature.

Le showrunner novice, Nic Pizzolatto, est né à La Nouvelle-Orléans. Et ça se voit. L’atmosphère subtropicale du Bayou s’agglutine à l’image et ne la quitte plus. Pizzolatto connait la région et nous emmène dans les recoins invraisemblables de ces terres, qui l’ont vu écrire son premier roman : Galveston est un road-trip entre La Nouvelle-Orléans et le Texas.

Un casting de revenants


Le format de la mini-série sied comme un gant à McConaughey, qui peut déployer les failles de ce personnage torturé et/ou étrange qui le caractérise désormais (Killer Joe, Mud, Eastbound and Down, Les Loups de Wall street). Woody Harrelson revient également au premier plan. Celui qui était notamment connu pour son rôle de Mickey Knox dans le Natural Born Killer d’Oliver Stone, est en ce moment à l’affiche des Brasiers de la colère, de Scott Cooper.

Tremé fraîchement éteint et Boardwalk Empire s’en allant l’année prochaine, HBO se doit désormais d’assurer la relève. True Detective s’en tire plus que bien et pourrait bien incarner ce nouveau souffle.

Transatomètre : niveau 4







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